La jeunesse est particulièrement touchée par la crise économique et sociale européenne. Outre la destruction des systèmes de retraites et de soins, les mesures d’austérités touchent également le système éducatif et les universités, affectant la qualité de l’enseignement. Nombreux sont les jeunes qui, ne pouvant pas imaginer un avenir digne dans leurs pays, décident d’émigrer, en particulier des pays du « sud » (Espagne, Portugal, Grèce) vers ceux du « nord » (Suisse, Allemagne, Hollande, Royaume-Uni, etc.). Au cours des derniers mois, selon les estimations, près de 700’000 espagnols auraient émigré. Les taux de chômage qui explosent depuis 2009, de manière plus marquée pour les personnes âgées de 15 à 25 ans (57% en Espagne et 58% en Grèce), sont la principale raison de cet «exil du travail». Pourtant, le décalage entre la formation reçue ainsi que les qualifications et les emplois précaires, temporaires, rencontrés est source de frustrations et de désespoir. Sans même parler que les salaires sont médiocres, illustrant une tendance à la baisse massive des conditions d’existence de millions de personnes en Europe.
Cela dans un contexte marqué par des attaques continues contre le droit au travail, des diminutions de salaires dans la plupart des pays européens. L’Allemagne, prise pourtant comme exemple «à suivre», est un bon exemple à cet égard. Les quatre réformes du «marché du travail» Hartz ont pour objectif de contraindre les chômeurs à accepter n’importe quel travail, à n’importe quelle condition. Ce qui a abouti à la création d’un vaste réservoir de travailleurs paupérisés: les working poors. Si les exportations industrielles allemandes ont été florissantes au cours des derniers mois, si l’Allemagne est au cœur du redécoupage de l’Europe capitaliste il n’en demeure pas moins que là aussi les standards sociaux et les conditions de travail se dirigent vers le bas. La concurrence de toutes et tous est la règle d’or de cette Europe de l’austérité et de la précarité.
C’est pour discuter de ces questions – la précarisation de la jeunesse, la restructuration du monde du travail, les transformations néolibérales des universités – que les Jeunes en Mouvement pour le socialisme (JMPS) organisent, les 21-23 mars 2014 à Charmey (canton de Fribourg), un week-end de discussion.
Un premier échange se déroulera en présence de deux étudiants allemands actifs dans les luttes sociales. Trois groupes de travail se tiendront ensuite autour de sujets distincts: les mobilisations étudiantes en Suisse; les attaques contre le monde du travail et le dumping salarial en prenant comme exemple la grève de Gate Gourmet à l’Aéroport de Genève; et, enfin, de quoi le vêtement est-il le nom? De la production de vêtements dans des conditions de semi-esclavage (illustrées de façon tragique l’effondrement de l’usine de Rama Plaza au Bangladesh en mai 2013) à une extrémité au rôle de la mode dans l’aliénation des consommateurs, de l’autre.
Intéressé·e à te joindre à nous? Tu peux nous contacter par e-mail à l’adresse jmps@labreche.ch ou au 079/ 329.41.62. Les frais de participation s’élèvent à 35.– francs et couvrent le logement pour deux nuits ainsi que les repas (nous pouvons discrètement convenir d’une réduction pour les jeunes avec peu ou sans revenus).
Le week-end se tiendra dans la région de la Gruyère, à la Colonie du Pra à Charmey. Des départs collectifs de Fribourg, Lausanne, Genève, Zurich, Bâle et du Tessin sont prévus.
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PROGRAMME
Vendredi 21 mars 2014
20h Accueil, repas et fête
Samedi 22 mars 2014
08h30 Petit-déjeuner
09h15 Présentation du week-end
09h30 Crise, précarité et mobilisations des jeunes en Allemagne
Avec deux étudiants actifs dans les luttes sociales et étudiantes à Berlin.
Du fait de son caractère internationalisé, le capitalisme suisse est fortement intégré dans le marché mondial. L’Allemagne constitue de loin le partenaire commercial le plus important pour les entreprises helvétiques. Il y a souvent une symétrie entre les «réformes» du marché du travail (chômage, assurances invalidités, conditions-cadres, etc.) entre Allemagne et Suisse. Cette ressemblance se manifeste notamment dans la manière dont la crise économique se répercute dans les deux pays. Ainsi, il convient de s’interroger sur les analogies et les différences que l’on peut trouver dans la création d’un réservoir de salairé·e·s précarisé·e·s, l’organisation de la concurrence, «l’aspiration» de personnels très qualifiés, la destruction des droits syndicaux et le démantèlement des assurances sociales. Quelles sont dans ce contexte les difficultés que les jeunes rencontrent en Allemagne et quelles sont leurs résistances ?
12h00 Repas
14h00 Atelier: Mobilisations étudiantes en Suisse
L’Accord de Bologne, signé en 1999 par plusieurs États européens, a été le point de départ des restructurations des universités. En Suisse, elles se caractérisent par une redéfinition du paysage traditionnel des hautes écoles, à savoir la redéfinition des rôles entre Universités et Hautes écoles spécialisées (HES). Quinze ans plus tard, il importe de faire le bilan de ces restructurations. Comment l’accès aux études supérieures a-t-il évolué? La formation universitaire est-elle vouée à se conformer aux exigences de «l’employabilité»? Quel est son rôle dans la transmission des savoirs et d’une pensée critique à l’égard de la société? Comment évolue la qualité des enseignements dispensés, la recherche, etc.?
Cette discussion sera l’occasion d’un échange sur diverses expériences de luttes autour du slogan: une autre éducation est possible.
14h00 Atelier: Grève contre le dumping salarial à l’aéroport de Genève
Une vingtaine de salarié·e·s de Gate Gourmet (l’entreprise qui confectionne les mets préparés que l’on distribue dans les avions) se sont mis en grève le 14 septembre 2013 à l’aéroport de Genève. La direction de l’entreprise a rompu avec le Syndicat des services publics (SSP) les négociations pour le renouvellement de la Convention collective de travail (CCT). Dans la foulée, l’employeur a remis aux salarié·e·s des contrats de travail individuels contenant des baisses de salaire allant jusqu’à 10%. La lutte de ces salarié·e·s se poursuit.
Cette lutte constitue un exemple des transformations que connaît le monde du travail. Pourquoi faire grève contre la précarisation? Est-elle le moyen de résistance adéquat pour défendre les conditions de travail ? À quelles difficultés les grévistes doivent-ils se confronter dans une lutte ? Comment peut-on leur apporter un soutien? Quels enseignements pour les (futurs) travailleurs et les étudiant·e·s?
14h00 Atelier: de quoi le vêtement est-il le nom?
Vêtements: tout le monde en porte, tout le monde est plus au moins sujet aux aléas de la mode. Les jeunes attachent une grande importance à ce que l’on porte, comment on le porte. Les vêtements sont des «marqueurs» sociaux, des badges que chacun porte. Il semble que des forces invisibles continuent d’influencer nos goûts et notre manière de consommer. Mais quel est le rapport de nos décisions avec l’industrie du vêtement qui emploie des millions de personnes au Bangladesh, au Cambodge, en Inde ainsi qu’en Afrique? La mode définit-elle aussi nos représentations de la masculinité et de la féminité ? Est-ce que l’achat de vêtements issus du commerce équitable pourrait être une solution ?
16h00 Pause
17h00 Ateliers pratiques
19h00 Repas du soir
21h00 Espace femmes (non-mixte)
22h00 Soirée libre. Musique et jeux
Dimanche 23 mars 2014
10h00 Résumés des ateliers et perspectives politiques
13h00 Repas
14h00 Rangement et départ
Frais de participation
Les frais de participation s’élèvent à 35. – francs et couvrent le logement pour deux nuits ainsi que les repas.
Inscription
Inscription jusqu’au 17 mars 2014. Pour cela, nous contacter:
Suisse française : jmps@labreche.ch ou téléphoner à Dario : 079/329.41.62.
Région de Bâle : info@bfs.basel.ch
Région de Zurich : jugend@bfs-zh.ch
Région du Tessin : rivoluzione@bluewin.ch
Comment s’y rendre
La Colonie du Pra est située près du centre sportif et tout près, à 50 mètres, de l’arrêt de bus des transports publics fribourgeois (Charmey Corbettaz). Depuis Fribourg, il faut prendre le train régional en direction de Bulle–gare, où il faut descendre et prendre le bus 260 en direction de Jaun (jusqu’à l’arrêt du bus Charmey – Corbettaz).
