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Buanderie de Marsens (FR). Vendues comme des machines? Des travailleuses en grève pour leur dignité!

Par le Cercle La brèche

Les faits

Mercredi 25 février 2015, la Direction de la santé et des affaires sociales de l’État de Fribourg (DSAS) a annoncé, à travers la directrice Mme Anne-Claude Demeirre (du Parti socialiste) et son collègue M. Georges Godel (Parti démocrate-chrétien), la reprise de la Buanderie de Marsens (canton de Fribourg) par la société anonyme «Blanchisseries Générales SA» (présente à Chailly et Yverdon où elle emploie 210 personnes) à partir du 1er octobre 2015. En argumentant le manque d’économies d’échelle à cause d’une moindre quantité de linge traité chaque jour, le DSAS promeut l’externalisation de cette activité publique en faisant appel au secteur privé. Une quinzaine d’employées, principalement des femmes, sont touchées par cette décision. Sans ni préavis ni consultation, les employées ont été mises devant le fait accompli. Une lettre de licenciement sera envoyée prochainement aux personnes concernées, en les encourageant par ailleurs  à s’adresser au nouvel employeur.

Dégradations des conditions de travail

Cette décision s’inscrit dans les politiques de la dite « nouvelle gestion publique », à l’œuvre en Suisse depuis des années (hôpitaux, écoles, soins, etc.). Pour les salarié-e-s du secteur public et para-public, cela se traduit par une détérioration des conditions de travail. Dans le cas de la Buanderie de Marsens, outre à l’absence d’une garantie d’être embouché par le repreneur, les employées seront confrontées aux péjorations que comporte la nouvelle Convention collective du Travail (CCT) de référence (ARENIT) – qui remplacera la loi sur le personnel de l’État de Fribourg (Lpers).

Quelques exemples concrets

À présent, tout le personnel travaille depuis plus que 15 ans (une employée même depuis 36 ans!) à Marsens. Les salaires varient entre 4000 et 5000 CHF bruts par mois, pour l’équivalent de 42 heures hebdomadaires. À partir du 1er octobre, date du passage au secteur privé, la nouvelle CCT prévoit des minimums bruts par mois de 3 300 CHF (sans qualification), 3460 CHF (semi-qualifié) et 3550 CHF (responsable d’équipe). Il s’agit donc d’une baisse salariale très importante importante! De plus, il est fort probable que d’autres mesures entreront en vigueur:  augmentation du temps de travail jusqu’à 45 heures hebdomadaires; diminution des jours de vacances de 5 à 4 semaines par année; détérioration des conditions du deuxième pilier. Il s’agit donc d’une situation très claire de dumping pratiqué par l’État de Fribourg.

Les revendications du personnel

Face à l’insécurité que comportera l’avenir en termes de dégradation des conditions du travail, le personnel de la buanderie s’est mis en grève le vendredi 6 mars 2015. Soutenus par le syndicat SSP (ainsi que par UNIA et la FEDE), les 15 salariées ont voté cette action collective à l’unanimité. Elles demandent le transfert de leur emploi au sein de l’État de Fribourg ou dans le RFSM (réseau fribourgeois de la santé mentale) pour un poste équivalent, comme le prévoit la Lpers.

Communiqués du SSP

À l’heure actuelle, le Conseil d’État maintient sa position, en soulignant à nouveau l’acte prétendument «illicite» de la grève d’après les dispositions de la Lpers et les conséquences négatives au détriment des patients notamment les hôpitaux et les EMS (sic!). En même temps, il a informé qu’aucun poste de travail n’est à présent disponible au sein de l’État (sans pour autant exclure qu’une priorité pourra être donnée à ces employées pour des postes… futurs!). Puis, il exige la fin de la grève au préalable avant d’entamer toute discussion avec le personnel.

Communiqués du Conseil d’État

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Participez à la manifestation de soutien aux grévistes le samedi 14 mars 2015, 14h, Fribourg, Esplanade de l’Ancienne Gare!

Appel du Cercle La brèche – Université de Fribourg