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Sans droits? Alors, il n’y aura pas de Coupe!

Par Mouvement pour le socialismeBrésil -FIFA-go-home-

La Coupe du monde de football commencera le 12 juin 2014. Peu de futurs téléspectateurs et téléspectatrices, en Europe, connaissent les conditions dans lesquelles cette prétendue «fête» va se dérouler.

• Pourtant, plus le match d’ouverture approche, plus le mécontentement se fait sentir dans la population brésilienne. Le quotidien économique français Les Échos, du 9-10 mai, doit reconnaître que:

1° «A un mois du lancement de la compétition…la population, lassée de services publics de mauvaise qualité, dénonce la corruption et se met à revendiquer des hôpitaux et des écoles «aux normes de la Fifa.» Les dépenses officielles, estimées au début à 4,5 milliards de francs suisses, dépassent déjà les 12 milliards. Et ce n’est pas fini.

2° «Dilma Rousseff, la présidente du Brésil, a chargé l’un de ses fidèles, Gilberto Carvalho, de prêcher la bonne parole auprès des syndicats et de la société civile.»

3° «A quelques encablures de l’Arena Corinthians – où se jouera le match d’ouverture – plusieurs milliers de sans-abri de São Paulo viennent d’installer un camp de fortune et réclament des logements sociaux.» Le campement est appelé: «La Coupe du peuple».

4° La FIFA – dont le président est le Suisse Sepp Blatter – impose ses lois. Ce qui conduit le quotidien français à affirmer :«Le Brésil n’est plus sous la tutelle du FMI, mais il est désormais surveillé de près par des organismes sportifs internationaux: la FIFA (Zurich) et le Comité olympique international (CIO) – dont le siège est à Lausanne.» Voilà une photographie, assez réaliste, des coulisses de la Coupe.

• Les accidents mortels de travail sur les chantiers des seuls stades, en construction ou en rénovation, s’élèvent à neuf et on dénombre des centaines de blessés. Le travail intérimaire au noir a explosé. Les responsables des grandes entreprises de la construction ont empoché des centaines de millions grâce à la surfacturation, tout en ne planifiant pas les travaux. Mais la presse brésilienne officielle accuse les travailleurs de ne pas se «donner à fond.» Le «roi du foot», Pelé, a osé affirmer, le 7 avril:«La mort d’un ouvrier est normale; les stades doivent être terminés.» Quant à Michel Platini – ancien joueur de foot et patron millionnaire de l’UEFA (Union européenne des associations de football), résidant fiscal en Suisse – a demandé aux Brésiliens, le 26 avril: «Faites un effort pendant un mois, calmez-vous!» Traduisez: ne revendiquez plus vos droits sociaux; ne manifestez plus; laissez tranquilles les seigneurs-propriétaires du foot, nous faisons du business!

Au Qatar – où la Coupe doit se jouer en 2022 – on dénombre déjà 400 morts de travailleurs népalais et philippins, tués par la chaleur et le travail.

• La FIFA et ses sponsors – CocaCola, McDonald’s, adidas, Sony, Hyundai, Budsweiser (la bière), etc. – ont imposé aux gouvernements de Lula et Dilma Rousseff, qui l’ont accepté et fait voter par le Parlement, une «Loi générale» qui place les villes qui reçoivent les matchs sous une surveillance spéciale. Une surveillance de la police pour faire taire les manifestants. Une interdiction de consommer dans les stades et aux environs autre chose que de la bière Budweiser, du Coca-Cola, des Mac. Défense est faite aux vendeurs ambulants de commercer dans la proximité des stades, etc. La FIFA impose une sorte d’état d’exception, durant un mois, à une population dont le salaire minimum ne lui donne pas accès aux stades.

• L’Espace unitaire d’action – qui a réuni le 22 mars à São Paulo quelque 2500 délégué·e·s de tout le pays – s’est engagé à assurer l’expression, durant la Coupe, des revendications urgentes: de dizaines de milliers d’habitants qui ont été chassés de leurs habitations par une police au service des spéculateurs immobiliers; d’une large couche de la jeunesse qui exige un système d’éducation publique de qualité et des transports gratuits; des habitants pauvres, si nombreux, qui sont pourchassés par la police militaire au nom de la «lutte contre le chaos et le trafic de drogue»; des droits des petits vendeurs ambulants et des travailleurs et travailleuses; etc.

C’est de tout cela – et plus – que Dirceu Travesso va nous entretenir et dont nous discuterons. Cela dans un but, oui un but: des actions de solidarité sont nécessaires avec les manifestations de la population brésilienne que tous les pouvoirs – gouvernementaux, sportifs et médiatiques – chercheront à étouffer. Cette solidarité est très importante en Suisse. En effet, la FIFA a son siège à Zurich; le CIO à Lausanne. Ce dernier surveille déjà étroitement la préparation des Jeux olympiques d’été qui se tiendront en 2016 à Rio de Janeiro. Cette Coupe ne sera pas bue par celles et eux qui sont les perdants de cette fête du foot-business, ainsi que par ceux et celles qui, ici, feront équipe avec les manifestant·e·s du Brésil.

(Texte rédigé en occasion de la rencontre avec Dirceu Travesso, membre de Conlutas et représentant de l’Espace d’action unitaire brésilien, organisateur de la proteste contre la Coupe du monde 2014 au Brésil, Lausanne, 27 mai 2014)

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Focus: Coupe du monde au Brésil