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L’extrême droite, fer de lance du combat contre les droits des femmes ?

Projection-débat autour du documentaire

Avortement, les croisés contre-attaquent

d’Alexandra Jousset et Andrea Rawlins-Gaston (France, 2017, 95’)

Selon l’Organisation mondiale de la santé, 40% des femmes vivent dans un État où l’avortement est interdit ; toutes les neuf minutes, une femme meurt d’un avortement clandestin. La négation de facto du droit à l’avortement ne concerne pas seulement les pays les plus pauvres. Au cours des dernières années, en Europe, plusieurs pays ont vu ce droit fondamental des femmes remis en cause. Le puissant lobby pro-life, qui regroupe des mouvements et associations chrétiennes fondamentalistes et des partis d’extrême droite dans le monde, en est le fer de lance. Leur but ? Promouvoir la « famille traditionnelle », patriarcale et hétéroparentale, abolir le droit à l’avortement et les droits LGBTQI, interdire les mariages homosexuels, abolir les « études genre » dans les universités…

Le documentaire pointe le doigt sur cette « galaxie obscure » des pro-life et leurs liens avec les partis de l’extrême droite en Europe et dans le monde. La situation dans deux pays, l’Italie et la Hongrie y est analysée de plus près. Alors que l’avortement a été légalisé en 1978 en Italie, le 70% des prestataires de soins, gynécologues et anesthésistes « objecteurs de conscience », donc opposés à l’avortement, refusent de le pratiquer. Les conséquences pour les femmes sont désastreuses et peuvent être mortelles pour elles. Des associations catholiques organisent, avec la bénédiction des autorités et des hôpitaux publics, des enterrements de fœtus. Les femmes, qui ne sont pas prévenues, sont culpabilisées. Quant à la Hongrie, le gouvernement de Viktor Orban a modifié la Constitution pour « protéger » le fœtus. La pilule du lendemain est interdite et les femmes doivent se rendre à l’étranger pour pouvoir avorter en toute sécurité.

Bien que minoritaire, les pro-life agissent aussi en Suisse. En 2013, l’Union démocratique fédérale (UDF) a tenté de lancer une initiative pour la « protection de la vie » visant à modifier la Constitution dans le sens « orbanien ». En 2014, un comité composé de représentants des partis dont l’UDC, le PDC et l’UDF a lancé une initiative, par la suite rejetée à grande majorité, visant à enlever l’IVG des soins remboursés par l’assurance-maladie de base. Les IVG y étaient assimilées à des « meurtres ». Sous pression du PDC cantonal, le Canton du Tessin a récemment introduit le 25 mars de chaque année la « journée de la famille » pour célébrer la « sacralité de la vie ».

L’accès à l’IVG n’est pas le seul droit des femmes sous attaque. En Italie, par exemple, le droit du divorce est remis en cause. La violence faite aux femmes persiste dans le monde et prend des traits plus brutaux dans un contexte de crise sociale d’ampleur et de montée de l’extrême droite. L’austérité budgétaire dans nombreux pays réduit les services publics et a des conséquences concrètes sur la vie des femmes. Leur santé, les conditions de travail et de retraite se péjorent. En dépit des différences entre les pays, il existe un dénominateur commun : la volonté déclarée d’un courant ultraconservateur de contrôler le corps et la vie des femmes. Alors qu’une grève des femmes se prépare en Suisse le 14 juin 2019, la vision de ce documentaire dénonce les attaques contre les droits des femmes. Il est dès lors indispensable de nous battre, femmes et hommes, contre toute forme d’oppression et de violence à l’égard des femmes en Suisse comme ailleurs !

Organisation : Cercle la brèche Genève. Soutiens: à suivre. L’Université est étrangère à cet évènement.