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Flash-mob Lausanne

Quelques dizaines de personnes manifestent leur solidarité avec le peuple grec lors d’une flash-mob à Lausanne

Quelques dizaines de personnes ont répondu à l’appel pour prendre part à la flash-mob (mobilisation éclair) convoquée le matin même à Lausanne par les réseaux sociaux. Plusieurs personnes ont pris librement la parole pour exprimer leur solidarité avec le peuple grec. Nous reportons ci-dessous le tract distribué à cette occasion ainsi que le texte de la prise de parole du Cercle La brèche – Mouvement pour le socialisme (MPS). La prochaine mobilisation se tiendra à Genève le vendredi 3 juillet à 18h devant la Mission permanente de Grèce à Genève (rue du léman – quartier des Pâquis).


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Chères amies, chers amis,

Merci d’être ici pour manifester votre solidarité avec le peuple grec dans sa lutte contre l’austérité.

Dans la nuit du 26 au 27 juin, le premier ministre grec Alexis Tsipras annonçait la tenue d’un référendum afin que le peuple grec puisse se prononcer sur le conenu des « négociations » avec lesdites institutions (BCE, Commission européenne et FMI). Des négociations qui n’en sont pas. Malgré les concessions énormes – que de nombreux membres de Syriza refusent – effectuées par le gouvernement grec, lesdites institutions ont montré à ceux qui en doutent encore qu’elles veulent imposer un nouvel ordre en Europe : une société où tous les services publics sont détruits ou privatisés, où il n’y a plus de droit du travail, où la flexibilité, le chômage, la précarité et les bas salaires règnent. Pour le plus grand profit des dominants. Il s’agit en fait de mener à son terme un agenda néolibéral et autoritaire qui a été instauré progressivement il y a maintenant plus de 30 ans et que la crise permet aux capitalistes de mener jusqu’au bout.

La Grèce est l’exemple extrême de cette volonté des classes dominantes d’en finir avec toute protection et touts droits dont pouvaient bénéficier les exploité·e·s, les salarié·e·s. Cela est très concret : entre 2008 et 2013 le PIB grec a chuté de 25%, chiffre que l’on rencontre dans des pays en guerre ! Le chômage touche ¼ de la population en âge de travailler, le double parmi les jeunes. L’éducation comme le secteur des soins sont détruits. Entre 2009 et 2011 le budget de la santé a diminué de 23%. On estime que 6000 médecins, tout comme d’autres travailleurs qualifiés, ont quitté la Grèce pour les pays du nord de l’Europe. C’est un autre aspect de cette « crise » dont on parle jamais : des milliers de travailleurs dont la formation a été payée par les contribuables grecs doivent quitter le pays. Il s’agit d’un pillage de cerveaux comme on le connaît avec d’autres pays du monde. On pourrait multiplier les exemples des conséquences de ces politiques d’austérité imposées par les « institutions » : les suicides ont augmenté de 35%, 33% des ménages grecs affirment ne pas pouvoir se chauffer convenablement durant l’hiver, les salaires minimuns et les pensions de retraite ont été drastiquement diminués.

Le référendum qui aura lieu ce dimanche 5 juillet en Grèce est donc bel et bien une étape d’une lutte de classes. Le déchaînement haineux des médias – qui qualifient Tsipras de « braqueur de banque », d’irresponsable, de rouge-brun et de bien d’autres choses – tout comme le mépris, l’attitude paternaliste et l’arrogance des dirigeants européens – toute couleur politique confondue – en sont l’illustration. Une Madame Lagarde, du FMI, qui affirme que la crise que connaisse les grecs est dû en bonne partie aux impôts impayés, alors qu’elle même n’en paie pas, est un exemple clair de ce mépris de classe.

Tout cela parce que le peuple grec aura la possibilité de se prononcer sur le contenu de nouvelles attaques que l’on veut leur imposer. Tout cela parce que des grecs prétendument paresseux – ils travaillent pourtant plus que les allemands – devraient payer une dette que même des économistes bourgeois, de droite, savent qu’elle est impayable. 90% des prétendues aides vont directement aux banques, elles ne servent pas aux dépenses publiques du pays. 78% de cette dette est possédée par les institutions. Une fois encore, l’objectif n’est ni technique ni économique, il est politique : favoriser encore, tout d’abord, les exportations de pays d’Europe du centre, au premier rang desquels l’Allemagne ; imposer un nouvel ordre social et économique ; empêcher que « l’exemple grec » puisse être suivi, demain, par d’autres pays.

Cette guerre sociale a donc des enjeux qui dépassent largement la seule Grèce. Un NON dimanche permettrait d’enclancher une dynamique à l’échelle européenne, permettrait aux personnes frappées par l’austérité dans d’autres pays de prendre des initiatives pour la renverser, un signal clair contre l’austérité et contre les mesures autoritaires prises partout en Europe. L’adoption, hier 1er juillet, en Espagne d’une prétendue loi de protection de la citoyenneté, une loi muselière qui interdit et soumet à de fortes peine toute contestation est le dernier avatar de cette tendance plus générale où l’austérité va toujours de pair avec l’autoritarisme et des mesures antidémocratiques. Rien n’est joué, c’est une première étape, mais elle est décisive. Un Oui ou le refus de renverser l’austérité « le jour d’après » semeraient un immense deséspoir en Europe, accréditerait l’idée que l’on ne peut combattre l’austérité ou, pire, favoriserait les forces nationalistes de droite, racistes et extrêmistes qui sont déjà fortes dans de nombreux pays. C’est la raison pour laquelle notre solidarité est essentielle, que nous devons la témoigner envers le peuple grec, envers les syndicats et les courants politiques qui préparent « le jour d’après ». Je vous remercie.

CLB-MPS, 2 juillet 2015.