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Crise économique

Nouveau rapport démasque le dogmatisme du FMI

Affaire Strauss-Kahn, élection d’un nouveau président, crise de dettes – le Fonds Monétaire International vient de passer un été marqué d’une forte présence médiatique. Souvent personnifiée, cette présence a fait oublier la publication d’un rapport susceptible de nuire gravement à la crédibilité de l’organisation dans son ensemble. Le bureau indépendant d’évaluation du FMI a analysé la qualité d’environ 6’000 documents scientifiques parus entre 1999 et 2008 sous l’égide du FMI. Le résultat de cette recherche est accablant!

Il ressort du rapport que plus de la moitié des chercheurs (62%) se sont fréquemment ou assez fréquemment senti contraints d’ajuster leur conclusions aux positions officielles du FMI. Ces conclusions et recommandations seraient donc fortement prévisibles selon l’orientation idéologique du mandataire. Pour ce qui concerne les rapports sur des pays spécifiques, le bureau d’évaluation conclut qu’ils tiennent rarement compte de la réalité politique et économique de ces pays. Les recommandations ne sont par conséquent pas réalisables car trop générales et, de surcroît, les conclusions et recommandations ne découlent pas toujours des analyses.

De plus, le rapport observe que les approches méthodologiques et empiriques sont peu diversifiées et souvent inappropriés.

Un grand nombre d’autorités étatiques questionnées se sont dit satisfaits des recherches du FMI dans le domaine de la politique fiscale tandis qu’ils ont critiqué la négligence des mécanismes de la macro finance et des politiques monétaires – un fait qui n’est pas étranger à l’incapacité du FMI à prévoir la dernière crise économique.

Le résultat dans son ensemble corrobore l’image du FMI comme organisation au service de la politique néolibérale. En faisant valoir des rapports pseudo-scientifiques, cette institution mondiale se fabrique ainsi une autorité auprès des politiciens et de la presse – alors que ses recommandations sont idéologiquement motivées et proviennent d’un cercle de scientifiques travaillant dans un environnement clos dans lequel les préconceptions théoriques et les doctrines du néolibéralisme priment sur le principe de l’objectivité scientifique.

Que la science et le pouvoir soient intimement liés n’est pas nouveau. Or, cette problématique est renforcée par la nature institutionnelle du FMI. Le manque de transparence et de légitimité démocratique fait du FMI un agent de l’idéologie néolibérale dans cette sphère diffuse et impénétrable que constitue le monde des organisations internationales. Ce rapport est d’autant plus pertinent que dans le contexte actuel de la crise internationale de la dette, le FMI continue d’imposer des plans d’austérité à un nombre croissant de pays européens tout en faisant mine de se baser sur des connaissances objectives – un mensonge désormais dévoilé !