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Nous déclarons la guerre à la violence de genre

Par Degender Communia

nonunadimenologo

Une grande manifestation le 26 novembre 2016 à Rome et une assemblée le 27, sont les témoignages d’une ferme volonté féministe et lesbienne de dire basta (ça suffit !) à la violence faite aux femmes.

Nous ne sommes pas les seules. Il y a quelques années, dans l’Etat espagnol, et plus récemment, au Brésil, au Mexique, en Argentine, en Pologne, en Angleterre et en Irlande, les femmes ont occupé massivement les rues contre la multiplicité des violences qu’elles subissent. La violence ne se réduit pas aux viols et aux homicides. La violence c’est aussi d’obliger les femmes à avorter clandestinement, ou de causer la mort en vertu d’une «objection de conscience»[1]. C’est ce qui est arrivé en Italie, en octobre, à Valentina Milluzzo[2]. Dans les migrations, les femmes aussi sont victimes de violences : dans le cimetière marin qu’est la Méditerranée, ce sont les femmes qui constituent la majorité des noyées.

Pour ne citer qu’un exemple de violence idéologique, mentionnons le « Fertility Day »[3], qui a sombré dans le ridicule. Cette campagne toutefois reposait sur l’idée d’un public féminin inconscient, dépourvu de notions élémentaires de biologie et dont le désir de maternité est entravé du seul fait de son ignorance.

Il y a cependant un élément qui, peut-être, ne fait pas toujours partie de la conscience même du féminisme. La violence faite aux femmes est l’une des marques les plus significatives laissées sur les corps par la nature des rapports de pouvoir de notre temps.

Il existe encore un sens commun qui traite les violences avec une certaine indulgence, qui cherche et trouve des justifications dans les choix de vie des victimes, comme si cela constituait une circonstance atténuante pour les auteurs de violence.

Même si cette attitude est encore répandue, elle est culturellement résiduelle car l’information journalistique moins vulgaire n’ignore pas et ne cache pas que la violence est une réaction envers un acte de liberté de la femme ; que dans la sphère privée elle peut équivaloir au choix de se séparer ou à déposer une plainte pour maltraitance. Elle ne cache pas que la violence contre les femmes repose souvent sur l’acceptation de l’idée l’on puisse disposer du corps féminin comme d’une propriété. Elle conteste le récit dominant sur la violence, un récit qui laisse à penser que les causes de la violence résident dans l’amour, ou la folie, ou encore à des pulsions soudaines, d’origine inconnue.

Comprendre le caractère culturellement résiduel du sens commun n’amène en aucune mesure une remise en cause de l’importance de déconstruire des stéréotypes sexistes encore largement diffusés.

Nous aussi réitérons avec force que le viol n’a rien à voir avec l’amour et le plaisir. Que cet acte est seulement un acte despotique de prévarication totale et de dépersonnalisation féroce des victimes.

Néanmoins, nous ajoutons qu’on ne peut pas comprendre la violence contre les femmes si on ne comprend pas la logique globale des rapports de pouvoir sur le corps social.

On entend dire que la violence contre les femmes n’a pas de classe et de nationalité, ce qui est vrai si on la regarde du côté masculin. Criminels, aristocrates, professionnels et prolétaires peuvent devenir également violents, quand leur amour-propre est déstabilisé par un choix féminin de liberté. La domination sur les femmes a une histoire déjà bien longue, trop longue. Elle est enracinée dans le corps et dans le subconscient des hommes, dans la tradition et dans les expériences du présent pour qu’un degré de culture plus élevé puisse, à lui tout seul, changer les choses. Sans compter que la «culture» académique ou médiatique n’offrent sur le sujet que des instruments inadéquats ou même mystifiés.

Mais si, du côté masculin, il n’y a pas de différence, il faut constater que les femmes les plus exposées sont celles écrasées par la globalisation, le néolibéralisme, le désastre écologique et les guerres. Comme les femmes qui passent la frontière entre l’Amérique Latine et les Etats-Unis comme « clandestine » et sont donc déjà des disparues avant de disparaitre sous la forme de corps violé ; les femmes qui traversent la Méditerranées et sont souvent étouffées par la foule masculine en route vers le salut ; les femmes victimes deux fois de la guerre…

La violence est créée aussi par les lois de l’Etat, et les lois de l’Etat s’inscrivent dans une société de classe. La crise produite par le néolibéralisme et par la dictature des marchés financiers conduit le capitalisme à mettre ses affaires dans les mains des droites racistes, sexistes et homophobes. Mais ce sont justement les attaques frontales de leurs gouvernements qui provoquent des réponses extraordinaires des féministes et des lesbiennes.

C’est le cas de la Pologne, où le gouvernement de droite a tenté d’adopter une loi encore plus restrictive sur l’avortement, dans un pays qui aujourd’hui n’autorise légalement l’avortement que dans des conditions extrêmes, comme celui d’un danger de vie pour la femme, l’inceste, ou de graves malformations fœtales. Le gouvernement polonais a dû faire reculer de manière retentissante suite aux énormes manifestations qui ont bloqué le pays. «Les manifestations nous font réfléchir et elles nous ont donné une leçon d’humilité», pour reprendre les termes de Jaroslaw Gowin, ministre de la Science et de l’Instruction supérieur. Le nouveau projet de loi discuté à la Chambre la semaine dernière [mi-octobre dernier ndr.] reste trop restrictif pour le droit des femmes, raison pour laquelle elles sont à nouveau descendues dans la rue.

Dans ce cas, il vaut la peine de rappeler les mots d’Audre Lorde: «si tu n’utilises pas le pouvoir en ta possession, il sera utilisé contre toi». Le gouvernement polonais, dont la ferme volonté de faire passer cette loi avait pour seul but de réaffirmer la matrice conservatrice de l’Etat, a dû faire marche en arrière devant la mobilisation du pouvoir des femmes.

Le mouvement polonais se présente comme une expérience exemplaire, que nous pouvons regarder avec admiration et avec le désir de récréer des mobilisations semblables, chez nous.

La Pologne n’est pas un cas isolé en Europe. Rappelons-nous les grandes mobilisations des femmes espagnoles ces dernières années qui ont amené aux démissions du ministre de la Santé Gallardón et au retrait du projet de loi qui visait à restreindre le droit à l’avortement jusqu’à le rendre impossible à pratiquer ou, pire, illégal. Le slogan clamé par les femmes ¡Yo decido ! (c’est moi qui décide!) s’est imposé, il a été repris et utilisé comme slogan du réseaux de collectifs féministes romains Io decido! lequel, ensemble avec les associations de femmes D.i.Re [Donne in Rete contro la Violence, l’association Femmes en ligne contre la Violence] et UDI [Unione donne in Italia, l’Union des femmes en Italie], ont frayé la route pour les mobilisations du 26 et 27 novembre.

Le réseau Io decido! a voulu répondre à la tentative des administrations de fermer certains centres antiviolence, des lieux sur le terrain qui sont d’une importance capitale et le résultat de décennies de lutte. En Italie, 6’888’000 femmes ont subi des violences au cours de leur vie. 93 femmes ont été tuées dans les premiers dix mois de cette année. Pour cette raison, en Italie même, nous nous sommes mises en marche. Le 26-27 novembre, nous animerons deux jours extraordinaires de lutte, nous manifesterons le 26 dans les rues et nous participerons le jour suivant à une assemblée pour faire le bilan de notre lutte et construire ensemble le trajet d’un nouveau chemin de luttes. Ce qui nous amène à réécrire du point de vue féministe le plan national contre la violence sur les femmes, ainsi qu’à faire des expériences nouvelles.

Au nombre de ces nouvelles expériences, nouvelles au moins pour nous, qui appartiennent aux jeunes générations, citons en deux qui nous paraissent fondamentales.

1° Nous voulons que les femmes s’approprient les rues, parce que, comme nous l’avons dit souvent, les rues sont rendues plus sûres seulement lorsque c’est les femmes qui les traversent. Essayez de revenir dans le passé, ou, à penser à votre vie maintenant, pensez un moment à quand votre mère ou votre père vous ont dit de ne pas sortir de la maison le soir, de ne pas traverser tel quartier, ce qui aurait été dangereux pour votre sécurité en tant que femme. Pensez à quand on vous a empêché d’être libres pour éviter que vous deveniez des victimes. Pensez que, au contraire, vous n’avez entendu aucun avertissement adressé à vos frères, cousins ou amis, auxquels personne n’a envisagé la possibilité d’être eux-mêmes des agresseurs potentiels. Nous voulons faire l’expérience d’être libres, de ne pas rester enfermées à la maison tandis que les violeurs potentiels ou réels sont libres. Et nous voulons donc discuter de comment reconstruire et revendiquer cette liberté.

2° Nous dévons faire prendre conscience à nos camarades, aux hommes qui nous entourent et à ceux qui veulent être à nos côtés dans notre lutte, de combien eux aussi ont inévitablement absorbé la culture sexiste et qu’ils en sont eux aussi les porteurs. Nous devons réfuter, surtout face aux hommes blancs et hétérosexuels qui se définissent féministes, que, pour autant qu’ils puissent se sentir imperméables au patriarcat, ils continueront à être et à occuper des rôles privilégiés parce qu’ils ne sauront jamais ce que cela signifie d’être femme, victimes d’oppressions et tout ce que cela comporte. Nous devons faire en sorte qu’ils comprennent, comme disait la féministe anglaise Kelly Temple, que s’ils «veulent être féministes ils n’ont pas besoin de recevoir de la place dans le féminisme. Ils doivent prendre la place qu’ils ont dans la société et la rendre féministe.»

Le parcours que nous avons entrepris ne se limitera pas à discuter, manifester et agir pratiquement contre les violences. Justement à cause du lien étroit entre genre et classe, violence et globalisation, néolibéralisme et montée des droites racistes, sexistes et homophobes, nous pensons qu’il est aujourd’hui fondamental de mettre au centre la condition sociale des femmes. L’Italie n’a pas a se vanter d’une bonne condition de l’occupation féminine.

La participation des femmes au travail socialisé est parmi les plus basses d’Europe. En outre, la croissance du taux d’occupation au cours des dernières décennies est à mettre en relation étroite avec l’augmentation de la précarité.

Nous connaissons et dénonçons depuis longtemps la raison principale de ce lien entre augmentation de l’activité salariée des femmes et précarité. C’est le travail domestique et de soins qui occupe une grand partie du temps de la vie des femmes. Pourtant, malgré les dénonciations, les choses ne changent pas. Au contraire, les coupes budgétaires dans les domaines de l’assistance sociale et de la santé, le problème non résolu des crèches, la crise profonde de l’Etat providence rendent plus difficile l’existence des femmes et leur relation avec le marché du travail. Ce n’est pas un hasard si, du point de vue de l’égalité au travail, l’Italie est au 114e rang du classement mondial en ce qui concerne la présence de femmes dans des fonctions managériales, l’Italie est l’antépénultième en Europe. En termes de rémunération à fonction égale, l’Italie se trouve à la 128e place, en queue du peloton comparé avec les autres pays européens. Elles gagnent en moyenne 6,9% de moins que leurs collègues masculins et jusqu’à 10% de moins dans les emplois de bureau. Ceci malgré le fait que les femmes atteignent aujourd’hui des niveaux d’instruction, même universitaire, plus importants que ceux des hommes. Ce phénomène est l’un des résultats positifs du féminisme et de la volonté des femmes de conquérir une indépendance et un contrôle de leur existence grâce à une indépendance économique. Pourtant, au Mezzogiorno [sud du pays] moins d’une femme sur trois travaille.

Il n’y qu’une façon d’arrêter d’avoir peur: lutter!

Lors des attentats de Paris, plusieurs personnages publics et chef de gouvernement ont dit en termes claire ne pas avoir peur, ils ont encouragé à continuer de sortir dans la rue et à poursuivre ses activités quotidiennes. Ils nous disaient: on ne peut se permettre d’avoir peur et ainsi laisser gagner le terrorisme.

Vous n’entendrez jamais les mêmes paroles pour les morts d’Orlando, sauvagement assassinés dans un local fréquenté surtout par des homosexuels. Vous n’entendrez jamais les mêmes incitations adressées aux femmes. D’après eux, nous avons raison de nous cacher.

Vous n’entendrez jamais «n’ayez pas peur et sortez dans la rue et luttez pour ne pas laisser gagner le patriarcat et l’homophobie».

Nous femmes, migrantes, lesbiennes, transsexuelles, nous n’avons pas peur et dans tout le monde nous sommes en train de déclarer la guerre à votre guerre. Mais pour le faire, nous ne tuerons pas des populations innocentes, nous ne massacrerons pas des villes, des hôpitaux, nous n’alimenterons pas d’autre violence. Nous le ferons en éradiquant à la racine les structures mêmes sur lesquelles reposent la violence de genre et l’homophobie. Nous continuerons à chercher et à créer le conflit tant qu’on ne bouleversera pas les rapports de force, et tant que tout ceci ne changera pas. Notre déclaration de guerre s’appelle révolution sexuelle, culturelle, économique et sociale.

Nous nous auto-organiserons en tant que femmes, précaires, lesbiennes, transsexuelles, migrantes et nous balayerons toute forme d’oppression…NON UNA DI MENO! (PAS UNE DE MOINS !), nous crierons fort comme le font les femmes qui parcourent les rues au Brésil, en Argentine et dans le monde entier.

Nous nous opposerons, comme nous sommes en train de le faire ce mois-ci, à chaque fermeture des centres antiviolences, nous défierons les gouvernements futurss avec des rassemblements, des cortèges, des assemblées et tout ce qui sera nécessaire pour que non seulement ces expériences restent vivantes, mais pour qu’elles soient un exemple réel, pour faire en sorte qu’elles se multiplient partout.

Car nous savons que la fermeture de ces espaces dans lesquels les femmes prennent conscience de leur propre vécu représente un acte de violence contre les femmes de la part des institutions.

La violence de genre est un problème culturel, politique, social et économique. Elle possède des caractéristiques psychologiques, culturelles et symboliques, entre autres. Les conditions matérielles d’existence interviennent aussi et sont toujours plus importantes au fur et à mesure que la crise dramatise et voue à la barbarie les relations sociales et la politique.

Il faut des objectifs sérieux et réalisables : penser à des formes de soutien économique pour les femmes qui dénoncent la violence. Permettre que les foyers d’accueil soient un havre d’une sérénité à retrouver plutôt que des micros chambres où survivre. Il est nécessaire d’introduire des solutions économiques significatives pour les femmes ainsi que pour les mineurs qui les accompagnent. Lutter pour l’égalité salariale.

Nous nous battrons pour que dans le service de santé public ne soit reconnu une prétendue «objection de conscience». Nous poursuivrons cette lutte pour une loi plus juste qui puisse œuvrer dans la sécurité et sous le contrôle des femmes. Nous poursuivrons la lutte pour le libre de choix et contre toute tentative d’entraver l’autodétermination des femmes.

Nous lutterons encore, nous le ferons en portant dans le cœur Valentina Milluzzo, morte à cause de cette «objection de conscience». Et avec elle, toutes les autres victimes de violences et de féminicides, en continuant à crier que nous ne sommes pas prêtes à marcher sans nos sœurs.

PAS UNE DE MOINS !

Le 26 et 27 Novembre sont seulement le début…

Dans la conviction que personne ne sera libre tant que nous ne serons pas toutes libres !

Le féminisme n’est pas mort. Nous l’avons vu dans la rue à Rome.

Ça valait la peine d’attendre dix ans pour se retrouver à nouveau nombreuses et pouvoir dire que nous sommes un mouvement, même si juste pour un jour, et non seulement un réseau en ligne, même s’il y a eu les réseaux d’aide comme poussée pour sortir de l’impasse.

Converger en masse dans une place historique de toutes les protestations, telle que la place San Giovanni à Rome, a été sûrement la meilleure façon pour répondre à une récurrence, le 25 novembre, qui n’est pas joyeuse du tout.

Une manifestation comme celle de samedi 26, comme celles qui se sont succédées depuis quarante ans, doit nous donner le courage de dire que le féminisme, dans toute la variété de ses pratiques, de ses collectives, de ses associations, etc…-ou peut-être justement à cause de cette variété- c’est le seul mouvement qui a survécu aux années ’70. C’est le seul qui, malgré avoir été passé sous silence, malgré l’hostilité qu’il rencontre, en particulier, dans notre pays, il n’a jamais arrêté de remplir les rues avec des femmes de générations différentes ; qui n’a jamais arrêté, malgré toutes ses contradictions, de réapparaitre avec la radicalité de ses débuts.

Je ne vais pas m’arrêter sur les nombreuses raisons qui nous ont amené jusqu’ici. Sur la violence nous savons beaucoup, nous avons beaucoup dit et écrit et analysé. Tant sur ses formes le plus manifestes –les viols, les assassinats, les maltraitances- que sur celles moins visibles, et donc encore plus sournoises, plus ambigües, qui passent dans la « normalité », dans le sens communs, dans les gestes et dans les mots du quotidien, et dans l’amour, telle qu’on l’a considéré ou mal considéré jusqu’à présent.

On ne tue pas par amour, mais l’amour a un lien avec cela. Avec ces relations d’indispensabilité réciproque qui sont présentes même là où ce n’est pas nécessaire, avec l’infantilisation des rapports à l’intérieur des familles. Avec la complexité de se libérer des rapports de pouvoir qui se sont confondues avec les expériences plus intimes, sur cela on sait beaucoup, et on devrait encore beaucoup découvrir et analyser.

Mais il y a une autre façon pour parler de la violence qui est moins visible. C’est le fait que, depuis un demi-siècle, les femmes ont donné vie à une culture et à des pratiques politiques pour contraster la violence masculine dans toutes ses formes, à partir de ces marques profondes qui a laissé en nous, obligées à incorporer cette même vision du monde qui nous a isolées de la vie publique, identifiée avec la nature, le corps et la conservation de l’espèce.

Nous avons écrit et répété que le sexisme est l’acte de naissance de la politique, en voulant souligner que le rapport de pouvoir entre les sexes est à la base de toutes les oppressions et les inégalités que l’histoire a connu.

Peut-être, est arrivé le moment de dire avec clarté ce que nous ne sommes plus prêtes à accepter :

  • Que ce patrimoine de savoirs, de prise de conscience, d’études, des batailles gagnées passe sous silence, qu’il soit laissé dans les archives et que quelqu’un se permet encore de dire que le féminisme est mort ou silencieux.
  • Que quand une « personne publique » intervient a institutionnaliser des pratiques nés à partir du féminisme, comme les centres de planning familial ou les centres antiviolence, ceci signifie marginaliser les personnes qu’ils les ont créés, effacer l’autonomie des pratiques qu’ils les ont caractérisés. Je me réfère au Piano straordinario contro la violenza sessuale e di genere (le Plan extraordinaire contre la violence sexuelle et de genre [ndr.]), dans lequel les centres antiviolence finissent pour être confus avec le troisième secteur, les services sociaux.
  • Qu’on parle autant d’éducation de genre est on laisse les femmes qui enseignent, presque toutes précaires, à devoir affronter des campagnes dénigrantes de la part des doyens et des familles[5], risquer leur place de travail, affronter des sujets qui exigent une formation, sans être sûres de recevoir des financements.

Nous sommes ici pour dire qu’on n’oublie pas les femmes qui ont subi la violence dans la sa forme la plus sauvage, et que nous ne voulons plus lire dans un journal ou entendre un commentaire à la télévision qui les définie comme des « victimes » de la passion ou de la jalousie d’un homme. Elles sont des femmes qui ont payé le prix d’affirmer leur liberté : celle,   inhabituelle pour une domination masculine séculaire, de la femme qui dit « Io decido » (Moi je décide [ndr.]) de ma vie, de ma sexualité, d’avoir ou pas d’enfants.

Je voudrais qu’on puisse ramener chez nous ces deux très beaux slogans – « Io decido », « Non una di meno » (Pas une de moins [ndr.]- pour dire que nous continuerons à nous battre contre les impositions externes, les contrôles, les interdictions, les intimidations, mais aussi pour la libération des modèles, des préjugées, des lois non écrites qu’on porte à l’intérieur de nous et qui nous empêchent de trouver la force collective dont on a besoin.

Si nous ne pouvons pas partager la variété de nos pratiques, au moins tenons-nous prêtes pour des moments comme celui-ci, et peut-être nous arriverons à trouver ces liens qui relient la spécificité de nos intérêts, de nos expériences et de nos histoires. (article publie sur communiant.org, le 28.10.2016; traduction Cercle La brèche)

Notes

[1] En Italie tout le personnel médical et paramédical a le droit, dans les structures publiques comme privées, de refuser d’intervenir pour une femme qui veut avorter à travers « l’objection de conscience ».

[2] Valentina Milluzzo était enceinte de deux jumeaux et est décédée suite à des complications survenues durant sa grossesse le 29 septembre dernier. D’après sa famille, une des raisons de son décès serait liée aux négligences d’un des médecins de l’hôpital où elle était hospitalisée à Catane, Sicile. Le médecin en question était objecteur de conscience et il aurait refusé d’intervenir correctement. De plus, dans cet hôpital, comme souvent en Italie, toute l’équipe de médecins actifs sont des objecteurs de conscience. Une enquête a été ouverte pour faire la lumière sur ces évènements.

[3] Le « Fertility Day » a été une campagne très controversée lancée par le gouvernement italien pour pousser les femmes italiennes à faire plus d’enfants.

[4] Expliquer quelques mots le plan.

[5] Probablement il s’agit d’une référence aux attaques de certains groupes ultra chrétiens et/ou de droite contre celle qu’ils appellent « la théorie » du genre.