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Non à l’uniformisation des études!

unige business school

  • La simplification des cursus de bachelor dans les deux nouvelles facultés entraînera une ­standardisation et une détérioration de l’enseignement ainsi qu’une hausse prévisible des taxes qui concerne nous toutes et tous.
  • Que faire contre la restructuration de la Faculté des sciences économiques et sociales (SES)?
  • Venez discuter avec nous le mardi 30 avril 2013, 18h15, à la salle de réunion du «Nadir», 8-10 passage Baud-Bovy, juste en face d’Uni Mail (de l’autre côté du parc).

«Je tiens à insister sur le fait qu’il ne s’agirait pas d’une simple scission mais d’une réorganisation des disciplines». C’est avec cette affirmation que le recteur de l’Université de Genève, Jean-Dominique Vassalli, a expliqué son projet consistant à séparer la Faculté des sciences économiques et sociales (SES) en deux entités: l’une rassemblant les départements de sociologie, de science politique et de géographie; l’autre regroupant les Hautes écoles commerciales (HEC) et le Département des sciences économiques. A l’avenir, chaque faculté proposera un cursus unique au niveau du bachelor tandis que des spécialisations seront développées à partir du master.

Cette restructuration modifiera en profondeur l’enseignement universitaire tel qu’il existe aujourd’hui. Elle intervient en vue de l’entrée en vigueur, à partir de 2015, de la nouvelle Loi fédérale sur l’aide aux hautes écoles et la coordination dans le domaine suisse des hautes écoles (LAHE). L’université «bénéficiera» désormais d’une «autonomie» financière et cela dans un contexte de restrictions budgétaires permanentes. Comme l’annonce le rapport de budget 2012 de l’Université de Genève, les activités non rentables sont destinées à disparaître: «En tenant compte des efforts fournis par les facultés visant à équilibrer le budget de fonctionnement […], [le rectorat] indique aussi clairement qu’à l’avenir des décisions plus radicales devront être adoptées».

Ces transformations apparaissent d’autant plus urgentes que la LAHE a pour objet «d’encourager la création de pôles de compétences et la concentration des offres tout en maintenant le niveau de qualité et la diversité de l’offre d’études [sic]». Dans cette course à la compétitivité, les universités seront contraintes à  se spécialiser pour développer leur «attractivité sur le marché» du savoir, où les étudiants sont considérés comme des «clients» investissant leurs «crédits» de la meilleure façon. La simplification des cursus du bachelor dans les deux facultés entraînera une standardisation et une détérioration de l’enseignement ainsi qu’une hausse prévisible des taxes. Ceci favorisera la seule transmission de «compétences techniques» au détriment d’un rapport critique et raisonné au savoir, condition indispensable pour que les étudiant·e·s d’aujourd’hui et de demain puissent affronter pleinement les questions sociales, économiques et environnementales auxquelles nous faisons face.

Or, les projets du rectorat indiquent clairement où se trouvent les priorités. Les sciences sociales (sociologie, géographie, histoire économique, etc.) seront délaissées au profit de la satisfaction de deux domaines qui ont un intérêt particulier pour la Genève des élites: la place financière et les organisations internationales. Afin de concentrer la plus grande part des ressources, la création de deux «pôles d’excellence» est envisagée: l’un en relations internationales, l’autre en économie financière (regroupant HEC et économie politique). La nouvelle faculté des sciences sociales n’est-elle pas destinée à devenir une voie de garage, en redirigeant des étudiant·e·s vers l’Université de Lausanne qui dispose déjà d’une grande faculté en Sciences sociales et politiques?

Les modalités de restructuration de la faculté des SES sont une illustration des conceptions «démocratiques» existantes depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle loi cantonale sur l’université en 2009. Le rectorat a pris ces décisions en catimini sans associer ni les étudiant·e·s ni le personnel enseignant et technique. C’est la pratique des faits accomplis, l’assemblée universitaire devenant une chambre d’enregistrement. La composition du comité «d’experts» qui a recommandé ces restructurations atteste le mépris pour toute discussion démocratique au sein de l’université et, plus largement, dans la société. Ces experts assument des fonctions dans des firmes telles que Monsanto (biotechnologie), Accenture (l’un des plus grands cabinets de consulting du monde) ou encore McKinsey (autre cabinet de consulting). Peuvent-ils nier l’existence d’un conflit d’intérêt?

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