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Hôpitaux tessinois : une première victoire, la lutte continue

Par Mouvement pour le socialisme – Tessin

Il n’y a aucun doute que le résultat des votations de dimanche 5 juin est un résultat positif dans la bataille que nous avons lancée depuis quelques années pour la défense de la santé publique dans notre canton.

La victoire du NON au référendum [1] contre la révision de la Loi sur l’Institut Hospitalier Cantonal (Legge sull’Ente ospedaliero cantonale – LEOC) et l’excellente résultat de l’initiative « Giù le mani dagli Ospedali » (Pas touche aux hôpitaux publics), avec 49 % de OUI, nous montrent que la population tessinoise, dans sa majorité, ne partage pas les orientations adoptées par le gouvernement et le parlement en matière de planification hospitalière. Les discussions sur les mandats de prestations communs avec les cliniques privées [[2]], la création de sociétés anonymes, la suppression de services de soins dans les hôpitaux publics, l’affaiblissement des structures de soins dans la région de Bellinzone et les vallées (Léventine et Val Blenio), la concentration des services, etc., sont toutes des questions directement liées à la planification hospitalière. Avec le vote du 5 juin, la population a clairement pris position sur ces thèmes et le résultat ne peut pas être interprété différemment.

Le MPS s’est engagé dans cette campagne contre la logique du capital dans le secteur de la santé, en partant d’une réflexion sur les changements vérifiés au niveau national dans le domaine de la LAMal durant les dernières années. En particulier, l’introduction du financement forfaitaire par diagnostic des soins hospitaliers (les fameux Diagnosis Related Groups/DRG) et le financement public des cliniques privées. Pour nous, il était évident que ces réformes (qui vont dans la direction d’une logique de la concurrence et du marché dans la santé) unies aux politiques d’austérité qui s’imposent toujours plus dans la politique du gouvernement et du Parlement tessinois, auraient conduit à une nouvelle planification hospitalière qui serait allée vers une logique de rationnement et de privatisation des structures hospitalières. D’où notre initiative, conçue et lancée déjà au début 2013, lorsque le débat sur la future planification hospitalière n’était même pas à l’horizon. Avec l’initiative, nous avons lancé une campagne active dans tout le canton par des assemblées, des tracts, des petites mobilisations (rappelons la première organisée en face de l’hôpital de Acquarossa au Val Blenio au début du 2014), les pétitions, etc.

Puis, le message du gouvernement est arrivé en confirmant nos hypothèses. Alors, nous avons lancé le referendum contre la nouvelle loi en menant la bataille avec les deux outils, l’initiative et le referendum, et avec un nouvel élan partout dans le canton.

En ce sens, nous croyons que les résultats les plus importants, au-delà de ceux exprimés dans le vote, ont été vraiment notre capacité à développer actions, activités, présences, qui ont impliqué des secteurs de la population. Ces activités ont mis en évidence l’intérêt des travailleurs et des travailleuses de la santé qui ont compris le lien entre les réformes en discussion et leurs conditions de travail. Au final, nos activités ont mis au centre du débat public le thème de la santé publique et la nécessité d’une rupture avec la logique marchande.

Dans cette campagne nous avons dû nous battre contre un échiquier politique alignant tous les grands partis contre nous (à l’exception du PS et des Verts qui ont rejoint notre camp), qui ont mené une campagne intense dirigée par les structures de la direction de l’Institut Hospitalier cantonal (EOC). En effet, le conseil d’administration de l’EOC s’est engagé de manière totale à faveur de la révision de la LEOC, en utilisant des méthodes et des moyens absolument excessifs en soutien de la campagne pour le OUI. Le même EOC a aussi revendiqué, à plusieurs reprises, d’être l’inspirateur (et aussi l’extenseur) du projet de loi rejeté par la majorité de la population tessinoise. C’est évident que le vote d’aujourd’hui représente également un vote de défiance de la part de la majorité de la population du canton vis-à-vis de tout le conseil d’administration de l’EOC et de ses organes directeurs qui, avec une seule et positive exception (que nous voulons rappeler avec plaisir, à savoir le docteur Malacrida), se sont positionnés en soutien de la révision de la LEOC. Cette décision politique, claire, ne peut pas ne pas avoir de conséquence sur les organes de direction de l’EOC. Pour cette raison, déjà le soir de la votation, Matteo Pronzini (député MPS au Grand conseil) a demandé au gouvernement d’« exiger des membres du Conseil d’administration de l’EOC qu’ils remettent leurs mandats et de soumettre au Grand conseil des candidats pour l’élection d’un nouveau conseil d’administration de l’EOC ». La même chose vaut pour la direction de l’EOC qui, en particulier son directeur général Pellanda, a déchaîné une campagne en faveur du OUI, en utilisant instruments et ressources du même EOC. Les orientations de Pellanda, tant du point de vue de la politique de santé que des perspectives de l’EOC, ont été clairement mises en échec par la votation sur la révision de la LEOC. Par conséquent, lui et les autres membres de l’EOC, devraient en tirer les logiques conséquences.

Toutefois, la bataille doit continuer. Il est nécessaire de faire entendre la pression populaire et de multiplier les occasions pour mobiliser de manière plus ample que possible en soutien des revendications les plus urgentes, à commencer la nécessité de maintenir les structures hospitalières de Acquarossa et de Faido, telles qu’elles sont aujourd’hui. C’est dans cette direction que nous continuerons notre bataille.

Notes

[1] Les NON ont atteint 54% des voix.

[2] C’est notamment le cas de la collaboration avec la clinique privé Sant’Anna à Sorengo du groupe Genolier et la clinique Santa Chiara à Locarno. Cela dans le domaine de l’obstétrique.