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Crise économique Grèce

Grèce: un laboratoire des destructions sociales en Europe?

Soirée de discussion avec Hara Vasilika, étudiante en chimie à Salonique, activiste de DEA, organisation ­membre de ­Syriza

Le mardi 9 octobre 2012, Université de Genève, Uni-Mail, 18h15, salle M R040. Entrée libre.

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Cette soirée sera l’occasion de dialoguer avec une activiste grecque, militante de Syriza. Quelles sont les conditions des migrant·e·s, des jeunes et des salarié·e·s en Grèce? Pourquoi l’austérité et comment la combattre? Quelle solidarité en Suisse?

Ces dernières années, la Grèce, pays le plus durement frappé par la crise, occupe régulièrement les premières pages de la presse. Les moralisateurs de tous bords se déchaînent contre ce pays et ses habitants: «Les Grecs doivent payer leur dette, ils ont vécu trop longtemps au-dessus de leurs moyens!»

Pourtant, ce qui se déroule en Grèce relève d’une véritable destruction sociale et économique: en cinq ans, le PIB a reculé de 21% (7% depuis le début de cette année) et les chiffres officiels du chômage à la fin de juin s’élevaient à 23,6%. Ce sont là des indicateurs d’un véritable appauvrissement de masse. La réalité est encore pire: les syndicats estiment que le chômage réel s’élève à 29% et qu’il atteindra 33% en 2013. Ces chiffres sont semblables voire supérieurs à ceux rencontrés par de nombreux pays au cours de la grande crise des années 1930. Pour les jeunes et les femmes, le chômage est même nettement plus élevé: 59,3% pour les 15-24 ans et 62,1% pour les femmes de la même tranche d’âge.

Une crise sans fin… et des ­ripostes

Au-delà des discours sur la nécessité de «payer la dette», la spirale destructrice entamée par ce pays indique l’avenir prochain de pays comme l’Espagne, le Portugal et d’autres. Elle est l’illustration de la guerre que la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le FMI – la fameuse troïka – mènent contre les peuples d’Europe. Sa présence est digne de celle des anciens proconsuls coloniaux, elle est l’exécutrice zélée de la volonté des banques et des élites européennes: privatisations, baisses salariales massives, pulvérisation des pensions de retraite, fermeture d’hôpitaux et d’écoles… Par contre, les dépenses militaires – proportionnellement les plus élevées d’Europe – sont, pour la plus grande joie des fabricants d’armes allemands et français, maintenues…

Depuis plusieurs mois les salarié·e·s et les jeunes de Grèce se battent pour enrayer cette spirale: assemblées de quartier, contestation des hausses du prix des transports, occupations de lieux de travail figurent parmi les moyens utilisés. Les dernières élections, le 17 juin, ont montré aussi la puissance du refus des plans d’austérité imposés par la troïka: 27% des électeurs se sont prononcés en faveur de Syriza, la coalition de la gauche radicale (qui a obtenu 71 député·e·s au Parlement).

Chasse aux migrant·e·s et nazis

La crise sociale, économique et politique est toutefois aussi l’occasion d’une croissance importante de l’extrême droite. Aube Dorée, l’appellation de ce qui n’était encore il y a peu qu’un groupuscule nazi, est désormais connu dans toute l’Europe. Cette formation a obtenu 18 députés lors des élections du 17 juin. Elle intervient ouvertement, arborant uniformes et drapeaux, dans les rues. Elle distribue, par exemple, de la nourriture aux plus nécessiteux à condition qu’ils disposent… du passeport grec. Les attaques contre les migrant·e·s (dont la population s’élève à plus de 1 million dans un pays de 11 millions d’habitant·e·s) se multiplient: pour la seule dernière semaine d’août on comptait 100 attaques contre ceux-ci. Les homosexuels et les handicapés sont aussi ciblés.
Le gouvernement de coalition (la droite de la Nouvelle démocratie, le Parti socialiste grec PASOK et la Gauche démocratique) tente de faire oublier à la population qu’il n’est que le simple exécuteur des volontés de la troïka en surenchérissant dans la chasse aux migrant·e·s.

La Suisse, de son côté, demeure l’abri – en dépit de quelques arrangements – de banques pratiquant l’évasion fiscale à grande échelle, assurant aux élites grecques une sécurité face aux spéculations sur les dettes et la monnaie. Les grandes entreprises pharmaceutiques, de leur côté, refusent la fourniture de médicaments vitaux (par exemple contre le cancer) pour de nombreux malades grecs sous prétexte que ceux-ci ne sont pas solvables.
Cette soirée sera l’occasion de dialoguer avec une activiste grecque, militante de Syriza. Quelles sont les conditions des migrant·e·s, des jeunes et des salarié·e·s en Grèce? Pourquoi l’austérité et comment la combattre? Quelle solidarité en Suisse?