AD 2018 – Fémonationalisme – la droite et son douteux combat pour les droits des femmes

Salle verte, samedi 10h30-13h00

A première vue, il est surprenant que des femmes comme Marine Le Pen en France ou Alice Weidel en Allemagne se trouvent à la tête de partis d’extrême droite, car les représentations sexistes et les revendications antiféministes sont profondément ancrées  dans les mouvements de droite et dans leur propagande. Soudainement, Le Pen, Weidel et consorts s’emparent de débats pseudo-féministes dans le champ de bataille idéologique, avec le prétendu « choc des cultures » typique de l’extrême droite.

Les droits des femmes sont instrumentalisés comme symbole de la supériorité des valeurs occidentales dans leurs provocations islamophobes, alors qu’à l’inverse, l’Islam est représenté comme ultra patriarcal. Un regard sur les programmes des partis de droite nationaliste fait apparaître des valeurs réactionnaires et antiféministes. Le Front national de Marine Le Pen, par exemple, veut limiter le remboursement des avortements dans la pratique. La référence des extrêmes droites aux les droits des femmes est appelé dans les milieux féministes « fémonationalisme ». Cette instrumentalisation du discours féministe au travers d’idées racistes et islamophobes a un écho dans la société et devient bienséant. Les réactions racistes aux incidents (agressions) du 31 décembre 2015 à Cologne ou les débats sur la burqa, le voile ou le burkini dans différents pays d’Europe en sont deux exemples. Les femmes musulmanes sont présentées comme victimes de leur propre culture qui ne peuvent être « sauvées » que par l’assimilation. Les hommes musulmans sont montrés comme des violeurs barbares qui représentent un danger imminent pour les femmes, et c’est pourquoi ils doivent être expulsés. Dans cet atelier, nous analyserons le fémonationalisme d’un point de vue culturel et idéologique mais en mettant l’accent sur ses causes matérielles et économiques. Nous entendons par là que le modèle d’argumentation fémonationaliste imprègne  la politique européenne  d’asile et d’intégration en lien avec la demande de force de travail immigrée (féminine). Nous voulons aussi discuter des stratégies de résistance féministe, antiraciste et anticapitaliste et leurs nécessaires relations.
 
Avec Katharina Pühl, collaboratrice de la fondation Rosa Luxemburg à Berlin, et Violaine L’île, militante de NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste) en France.