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A propos de Université Inc. de Eric Martin et Maxime Ouellet

Martin, É., & Ouellet, M. (2011). Université inc. Des mythes sur la hausse des frais de scolarité et l’économie du savoir. Montréal: Lux.
Martin, É., & Ouellet, M. (2011). Université inc. Des mythes sur la hausse des frais de scolarité et l’économie du savoir. Montréal: Lux.

Par Davide Salvia*

Eric Martin et Maximilien Ouellet travaillent à l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) basé à Montréal, une institution sans but lucratif, indépendante et progressiste, fondée en 2000, qui n’a pas d’équivalents en Suisse. La publication par ces deux chercheurs, en 2011, du livre Université Inc. a coïncidé avec la décision du gouvernement du Québec d’augmenter massivement les frais d’inscription à l’université en vigueur jusqu’alors. Cette décision a été à l’origine d’une protestation étudiante longue et puissante tout au long de l’hiver et du printemps 2012. Ce mouvement a provoqué une crise politique. A la suite d’élections anticipées, le nouveau gouvernement a dû geler les hausses. Le Cercle La brèche a fait connaître cette lutte en organisant une tournée en Suisse avec une animatrice du mouvement au cours de l’automne 2012 (voir également nos articles sur notre blog).

Ce petit ouvrage entend détruire les mythes qui entourent la hausse des taxes, qui sont un pilier du modèle scolaire néolibéral. Par une analyse rigoureuse des méthodes de financement de l’université, le livre présente ainsi des éléments pour saisir ce qu’est ladite «économie du savoir». Cette notion a été élaborée par les classes dominantes au cours des dernières décennies du siècle passé. Les auteurs poursuivent en expliquant que ce concept recouvre en fait un processus de transformation du savoir en une «marchandise». C’est ainsi que des nouveaux mécanismes ayant pour but la «régulation» de la production du savoir et la formation d’une main d’œuvre qualifiée selon les besoins des entreprises se mettent progressivement en place. La conception de l’étudiant e comme entrepreneur de son «capital humain» est le pendant de cette dynamique. Il s’agit de le faire valoir sur le «marché du savoir» par le biais de l’acquisition de «connaissances-marchandises» (par exemple les créditions ETCS instauré lors de ladite réforme de Bologne).

Bien que l’ouvrage se fonde principalement sur la situation québécoise, sa lecture n’en est pas moins bénéfique pour ceux et celles qui veulent comprendre les transformations à l’œuvre dans le domaine de la formation supérieure en Suisse et en Europe. Les outils d’analyse qu’on y trouve se révèlent précieux pour quiconque entend combattre la hausse des taxes. Il s’agit d’un bon décrypteur des textes produits régulièrement par EconomieSuisse ainsi que par le Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI) (cf. p. 4-6 de ce journal).

* Cet article est paru dans La brèche n. 6