Salle 23 · Les réformes du marché du travail et le glissement à droite en Europe

Les attaques massives contre les conditions de travail et les droits des salarié·e·s en Europe s’ajoutent aux brutales coupes budgétaires. Parmi les récentes «réformes» néolibérales du droit du travail, on peut mentionner la «Loi travail» en France en 2016 ou la «Reforma laboral» dans l’Etat espagnol en 2012. Ainsi, depuis 2012, les entreprises espagnoles peuvent, si elles considèrent que le climat économique leur est défavorable, déroger aux conventions collectives, procéder à des licenciements massifs, baisser les salaires et détériorer les conditions de travail. Cette “réforme” a été édictée suite à la victoire électorale du président du gouvernement Mariano Rajoy, un conservateur néolibéral en matière économique, jouissant du soutien bienveillant de l’Union européenne.

Les salarié·e·s dans le secteur du tourisme et de l’hôtellerie et de la restauration sont particulièrement visés. Il n’y a presque plus que des contrats de travail précaires et de courte durée tandis que les salaires sont en permanence sous pression. En même temps, dans de nombreuses entreprises la charge de travail et le nombre d’heures augmentent.

Au cœur du capitalisme européen, les mesures de protection des salarié·e·s ont déjà été démantelées en 2003-2005 (Agenda 2010 du gouvernement Schröder). La protection contre les licenciements a été assouplie en faveur des employeurs et les coûts des assurances sociales ont été reportés des employeurs sur les salarié·e·s. D’autres mesures ont été introduites à la faveur de la crise. Les emplois fixes ont été remplacés par du travail intérimaire et d’autres contrats atypiques comme les minijobs ou des contrats à la tâche. En Allemagne et en Espagne, ces instruments – doublé d’un chômage massif et de prestations sociales réduites –offrent la possibilité aux entreprises de pratiquer le dumping salarial.

Dans ces deux pays, cette forte pression sur les salarié·e·s a fait naître des résistances. Dans le secteur du tourisme dans l’Etat espagnol, les salarié·e·s ont pu remporter quelques succès. Mais du fait qu’il n’y a guère de protections pour les salarié·e·s, ils ont été fortement réprimés. En Allemagne aussi, on constate ces cinq dernières années une augmentation des protestations et des grèves tant dans les entreprises publiques que privées.

Cet atelier souhaite relier ces développements et les éclairer dans le contexte des attaques que subissent les salarié·e·s dans cette crise et avec l’évolution vers la droite dans toute l’Europe.

Avec Alejandro Garcia, syndicaliste et employé chez McDonald  à Granada,
et Lito Bareac, membre de Revolta Global et du syndicat IAC (Intersindical Alternativa de Catalunya) à Barcelone,
et Ingar Solty, chercheur en sciences sociales de l’Institut d’analyse de la société de la Fondation Rosa Luxemburg.

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